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Des gélinottes à la tombée du jour

Il y a quelques jours, j’ai trouvé un site où les gélinottes huppées viennent s’alimenter.  Elles visent des arbustes, et leurs bourgeons, que l’on retrouve à cet endroit.

Pour avoir trouvé ce site, je n’ai pas beaucoup de mérite.  Il s’agissait tout simplement de suivre les traces des gélinottes dans la neige fraîche…Elles m’ont conduit là où je devais aller.

Une fois la découverte réalisée, j’ai rapidement pris la décision d’installer un affût à cet endroit, dans l’espoir d’obtenir de belles photographies de ce gallinacé.

Lorsque je suis sur la Côte-Nord, je n’ai nul besoin de passer par l’entremise de l’affût pour poser les gélinottes.  Elles y sont beaucoup moins farouches qu’ici. « Ici », c’est à seulement une heure de la Capitale nationale (Québec).  C’est dire que les gélinottes du coin subissent une sévère pression de chasse.  L’automne, je n’ai qu’à tendre l’oreille pour entendre les coups de feu provenant des quatre coins de la forêt dans laquelle je suis plongé.  Et l’oreille aguerrie sait reconnaître les calibres utilisées pour la gélinotte…

Tout ça pour dire que si je marche ici dans la forêt dans l’espoir de photographier une gélinotte, elles auront déguerpi bien avant que je puisse m’en approcher un tant soit peu, rendant la photo impossible.  D’où l’intérêt de l’affût.

Et à l’affût, c’était aujourd’hui que ça devait se passer.  Je me suis donc installé quelque part en fin de matinée.  L’hiver, c’est moins grave si on s’installe pour la photo en plein jour.  La lumière est moins dure lors de la froide saison qu’elle ne l’est l’été.  On peut donc faire de belles photos, même si on est loin du lever ou du coucher du jour.

La caméra pointée vers la forêt infinie, j’attendais dans mon affût.  Patiemment. Et rien ne se passait… Bien sûr, les écureuils circulaient, mais aucune gélinotte en vue.

Le temps s’étirait et la fin de la journée s’annonçait. Déjà!  Il faut dire que ces jours-ci, le soleil se couche vers 15h55.  Ça ne laisse pas beaucoup de temps pour attendre celui qui sait toujours se faire attendre.

Je commençais à me dire que j’allais manquer de lumière pour faire mes photos de gélinottes, que j’allais peut-être rater mon objectif.  J’étais un peu stressé par tout ça, mais en même temps, je me disais que ça fait partie du jeu. Après tout, on ne peut pas réussir à tous les coups.

J’en étais à ces réflexions quand tout à coup, j’ai aperçu une gélinotte à travers les buissons.  Elle s’approchait, mais vraiment tout doucement.  Elle semblait inquiète. De tout et de rien.  Elle surveillait de tous les bords et de tous les côtés avant d’avancer d’un nouveau pas.  Comme si un rapace énorme devait lui tomber dessus si elle ne marchait pas à pas de loup.

Pas à pas, elle est finalement arrivée à un endroit où j’ai pu la poser.  Sans branches entre elle et moi. Et il restait assez de lumière dans mon sous-bois pour le faire.  La photo serait bonne!  Je l’espérais!

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Clic, j’ai appuyé sur le déclencheur.  Et rapidement, j’ai regardé la photo dans mon viseur.

Mission accomplie!  Elle était réussie!

Dans ma tête, je me suis dit que je pouvais maintenant ramasser mon matériel et rentrer à la maison.  La lumière ne serait de toute façon plus suffisante dans quelques instants pour faire de la photo.  Alors à quoi bon!

Et c’est alors que j’ai vu que ma gélinotte n’était pas seule.  Elles étaient en fait trois à se diriger droit vers moi.  Et toutes, elles étaient très prudents.  Et lentes.  Ce qui laissait encore plus de temps au jour pour s’éteindre jusqu’au lendemain.

(L’activité humaine et la pression de chasse ont rendu ces oiseaux excessivement farouches.  Ils prennent mille et une précautions avant de poser un geste.  Et ils sont surtout actifs très tôt le matin ou en fin de journée.  Alors que sur la Côte-Nord, les gélinottes sont pleinement diurnes.  C’est dire si nous avons un impact important sur la faune qui nous entoure).

Par-delà ces réflexions, je pris la décision de rester à mon poste et de prendre les photos que je pourrais. Je savais bien que la lumière déclinerait rapidement et qu’elle ne serait bientôt plus suffisante pour faire des photos présentant beaucoup de détails.  Mais je voulais faire des photos d’ambiance de ces oiseaux ayant appris à se faire tellement discrets.

Et je n’ai pas été déçu!

J’aime beaucoup ces photos nous montrant des gélinottes se déplaçant sur un site d’alimentation alors que le jour s’achève.  Ces oiseaux sont superbes! Franchement! Ils le sont en plein jour comme entre chien et loup.

***

Je suis finalement rentré chez moi à la nuit tombée, mon barda sous le bras.  En marchant dans la neige humide et collante, je me disais que j’étais très heureux des photos que j’avais réalisées!

 

 

3 réponses sur “Des gélinottes à la tombée du jour”

    1. Je trouve aussi. Un moment donné, on finit par faire toujours les mêmes photos. Celles-là sortent du lot. Elles se démarquent. Et ne serait-ce que pour cela, ça valait la peine de rester quelques dizaines de minutes de plus!

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