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Ça va mieux ou pas pour nos bélugas?

Une étude pilotée par le vétérinaire de l’Université de Montréal et grand spécialiste du béluga, Stéphane Lair, tend à démontrer que la situation s’améliore malgré tout pour cette espèce présente dans le Saint-Laurent.

Cela est en tout cas vrai en ce qui concerne l’environnement chimique des bélugas.

Des années durant, les amoureux de cette espèce ont été bombardés de mauvaises nouvelles. On nous disait que les bélugas mourraient en grand nombre du cancer. Cette maladie les affectait durement à cause des polluants très toxiques qui étaient relâchés dans les eaux du fjord du Saguenay et du Saint-Laurent par l’industrie lourde.

On a fait des pieds et des mains afin de freiner cette pollution. Avec un certain succès il est vrai. Et c’est ce que démontre cette étude.

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Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) constituent le premier groupe de polluants sur lequel s’est penché l’équipe du Dr Lair. Et à ce chapitre, on doit dire que la situation s’est de beaucoup améliorée.

« Heureusement, les procédés des alumineries ont changé dans les 40 dernières années; aujourd’hui le niveau de contamination de surface des HAP est revenu à l’ère préindustrielle et l’on ne voit plus de cancers chez les bélugas.»

Dr Stéphane Lair

Le deuxième groupe de polluants qui a fait l’objet de cette étude est composé des biphényles polychlorés (BPC). Ces produits se retrouvent surtout dans les liquides isolants des condensateurs électriques et des transformateurs. Ces produits demeurent très longtemps dans l’environnement. Ce qui explique qu’on en retrouve encore des traces aujourd’hui dans le Saint-Laurent et les bélugas, et ce, bien qu’ils sont interdits d’utilisation depuis…1977!

Dans les années 1960 et 1970, les bélugas du Saint-Laurent étaient très fortement affectés par ces produits. Aujourd’hui, les carcasses qui sont étudiées par le Dr Lair en présentent toujours des traces. Bien moins qu’auparavant, très certainement, mais probablement en quantité encore suffisante pour que cela ne soit néfaste pour la santé de ces animaux.

« Les BPC ont d’importants effets immunosuppresseurs. Et nombreux sont les bélugas qui meurent en raison d’une maladie infectieuse. Nous pensons que les BPC pourraient potentiellement affaiblir le système immunitaire des bélugas, qui deviennent alors plus susceptibles de développer ce type de maladie. »

Dr Stéphane Lair

L’équipe de scientifiques dirigée par Stéphane Lair a aussi étudié l’impact des polybromodiphényléthers (PBDE) sur la santé des bélugas. Ces substances sont utilisées afin d’empêcher que des flammes naissent dans le mobilier, les vêtements ou les produits électroniques. On sait qu’ils affectent le fonctionnement de la glande thyroïde et des hormones qu’elle diffuse dans l’organisme tant chez le béluga que chez…l’humain.

À ce chapitre, les nouvelles sont moins bonnes. Les niveaux retrouvés chez les bélugas sont encore suffisamment élevés pour causer des problèmes de santé.

« Bien que cela ne soit qu’une hypothèse pour l’instant, nous croyons que la contamination par ces retardateurs de flammes pourrait perturber les activités de la glande thyroïdienne, expliquant ainsi les problèmes de mortalité associés aux mises bas chez les femelles. »

Dr Stéphane Lair

Le Dr Lair a tenu ultimement à dire que les bouleversements climatiques constituaient une menace tout aussi importante que les polluants industriels pour les bélugas du Saint-Laurent.

Il faut savoir que le béluga a besoin d’un bon couvert glacier pour se mettre à l’abri des tempêtes hivernales. Moins de glace, ça veut dire plus de vagues. Et plus de vagues, ça signifie que les bélugas s’épuisent durant l’hiver.

La glace lui permet aussi de se nourrir plus efficacement.

Dans le contexte de la COP 27, le vétérinaire plaide en faveur d’une importante modification de notre relation à l’égard des énergies fossiles.

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Le béluga est un animal qui peut peser jusqu’à 1900 kg et mesurer près de 4,5 mètres. À l’échelle mondiale, c’est une espèce quasi-menacée. Dans le Saint-Laurent, elle l’est officiellement.

Au début du XXe siècle, on retrouvait 9000 bélugas dans les eaux du Saint-Laurent. Mais une chasse tout aussi irraisonnable qu’inconsidérée a fait diminuer cette population à seulement 900 individus. Depuis les années 1930, aucune progression dans cette population n’a été enregistrée. Bien au contraire.

Source : Udemnouvelles

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