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Les requins blancs sont enfin étudiés dans le golfe

Depuis quelques années, les observations concernant le requin blanc dans le golfe Saint-Laurent se multiplient.

Certains croient que cela est lié au réchauffement des eaux, alors qu’il n’en serait rien. Le requin blanc est un visiteur habituel de nos régions et s’il y vient désormais en plus grand nombre, cela est très certainement lié au fait qu’il trouve ici des conditions qui lui sont très favorables.

C’est une chose d’écrire une telle chose. Mais c’en est décidément une tout autre que de le prouver. Et pour ce faire, hé bien ça prend des études.

Bonne nouvelle! Car des chercheurs ont enfin obtenu le mandat de faire la lumière dans ce dossier. Pour ce faire, ils utilisent des programmes de télémétrie acoustique et de repérage par satellite.

Il faut savoir que le requin blanc, espèce menacée, est pas mal étudiée aux États-Unis. Plusieurs requins portent de ce fait des balises. En utilisant chez nous la télémétrie acoustique, on peut avoir une bonne idée du nombre de requins blancs qui se retrouvent en nos eaux.

Mais le golfe Saint-Laurent, c’est immense. Presque aussi grand qu’un petit océan. Alors où chercher le requin blanc au juste?

Trouver la proie, c’est aussi trouver le requin

©Patrick R. Bourgeois

Travailler au hasard avec un tel grand prédateur des mers n’est évidemment pas une option. Mais si le requin blanc est si attiré par les eaux du golfe, c’est bien parce qu’elles sont remplies de phoques gris, l’une des proies de prédilection du grand squale. Les chercheurs ont donc décidé de d’installer des récepteurs autour de l’île Brion, qui réunit la deuxième plus grande colonie de phoques gris du Canada, afin de l’observer plus attentivement.

Et cette décision s’est avérée rentable. Les chercheurs ont de ce fait pu établir la preuve que les requins blancs se regroupaient là en grand nombre afin de chasser les phoques.

Des récepteurs ont aussi été installés près d’autres colonies de phoques gris aux Îles-de-la-Madeleine, soit à Corps-Mort et au Rocher aux Oiseaux. On retrouve aussi des récepteurs au large du parc national Kouchibougouac, au large de Grande-Rivière et près du parc national Forillon.

Grâce à toutes ces balises, le chercheur Xavier Bordeleau estime qu’il y a environ 150 requins porteurs de balises émettrices dans l’Atlantique Nord ouest, et qu’une part importante de ceux-ci se retrouvent dans le golfe. La question est maintenant de savoir ce que ces requins porteurs de balises représentent par rapport à ceux qui n’en portent pas. J’imagine qu’il y a plus de requins sans balises, ce qui donne une idée du nombre encore plus important de requins qui doivent se retrouver dans nos eaux durant l’été et l’automne.

Plus il y aura de requins blancs dans les eaux du golfe et mieux ce sera pour l’écosystème. On sait maintenant que les habitats ne peuvent se passer de la présence des prédateurs les plus importants, au risque de se déséquilibrer. Les chercheurs pensent que la présence accrue des requins forcera les phoques à rester plus longtemps hors de l’eau. Ils passeront donc moins de temps à se nourrir, ce qui réduira la pression sur les populations de poissons.

« C’est aussi le rôle de ces prédateurs qu’on dit au sommet de la chaîne alimentaire de réguler les populations [de poissons] parce qu’en dessous, il se forme une sorte d’équilibre écosystémique et c’est super important pour la vitalité des écosystèmes. »

Xavier Bordeleau, chercheur à l’Institut Maurice-Lamontagne

Les données recueillies par les récepteurs devraient être complètement étudiées d’ici deux ans. On en saura alors davantage sur la présence du requin blanc dans les eaux du golfe Saint-Laurent.

Source : Radio-Canada

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