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Ressusciter le dodo, une fausse bonne idée?

Colossal Biosciences a d’immenses projets. Ceux de ressusciter des espèces disparues comme le loup de Tasmanie, le mammouth ou le dodo.

Pour ce faire, la compagnie qui se spécialise dans les biotechnologies a déjà levé des sommes avoisinant les 150 millions$.

Et le défi demeure malgré tout cet argent titanesque.

Personne ne sait vraiment de quoi avait l’air le dodo (Raphus cucullatus), oiseau disparu en 1690. Il ne reste aujourd’hui que quelques os de l’oiseau au musée d’histoire naturelle de Paris, de Londres ou à l’Université Oxford.

Mais ce qui permet à la compagnie de demeurer optimiste malgré tout, c’est que de l’ADN de dodo a été retrouvé au musée d’histoire naturelle de Copenhague par Beth Shapiro, biologiste moléculaire et membre du conseil consultatif scientifique de Colossal Biosciences.

Beth Shapiro va maintenant étudier en détails l’ADN du dodo et le comparer avec son plus proche cousin, soit le pigeon de nicobar. Le but étant de modifier les cellules du pigeon de nicobar pour les faire ressembler à celles du dodo en utilisant la technique d’édition du génome Crispr-CAS9. Un procédé très complexe qui ne garantit en rien que le dodo ressuscité ressemblera vraiment à l’oiseau disparu.

Pigeon de nicobar. Wikipedia

Beth Shapiro sait pertinemment que le fait d’injecter des cellules de dodo ressuscité dans des oeufs de pigeons de nicobar donnera naissance à une simple copie plus ou moins parfaite de l’oiseau qui existait sur la planète au XVIIe siècle.

« Il n’est pas possible de recréer une copie identique à 100 % de quelque chose qui a disparu. »

Beth Shapiro

Le fait est que les espèces évoluent au fil des ans et des modifications subies par son environnement. Le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui de 1600.

Malgré ces réserves importantes, Colossal Biosciences ne compte pas s’arrêter au dodo. La compagnie a aussi pour projets de ramener le mammouth laineux à la vie et le loup de Tasmanie.

Un projet qui ne fait pas l’unanimité chez les scientifiques

Les travaux de Colossal Biosciences soulèvent d’importants débats éthiques dans la communauté scientifique. Plusieurs chercheurs n’apprécient pas l’impression que laissent ces travaux dans la tête des gens. On pourrait être porté à croire que si une espèce est disparue, ce n’est pas grave puisqu’il s’agit simplement de la ressusciter.

« Il y a un réel danger à dire que si nous détruisons la nature, nous pouvons simplement la reconstituer – parce que nous ne le pouvons pas »

Stuart Pimm, Université Duke, Caroline du Nord

Ce dernier ajoute que les écosystèmes où vivaient le dodo ou le mammouth laineux ont disparu depuis longtemps. Alors où pourrait-on relâcher les individus ressuscités? On les condamnerait à vivre dans une cage?

Colossal Biosciences souligne qu’elle collaborera avec les autorités afin de modifier des habitats pour la réintroduction des espèces disparues. C’est déjà le travail qu’elle a entrepris avec l’État de l’île Maurice afin de contribuer à la sauvegarde de la tortue géante d’Aldabra.

Source : Le Monde

En savoir plus sur Patrick R. Bourgeois, photographe animalier

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