Lors de mes dernières publications sur les réseaux sociaux, je suis resté du côté des plus gros animaux comme les baleines, les thons, les loups. Mais dans le Saint-Laurent, ce que j’aime le plus, c’est d’observer les créatures minuscules qui se cachent ici ou là sur les récifs.
Je vous raconte aujourd’hui la fois où j’étais en direction du fjord du Saguenay. Un milieu de vie extraordinaire où l’on observe des animaux qu’on ne voit nulle part ailleurs. Pourquoi? Parce que la rivière Saguenay glisse sur les eaux glacées et limpides du Saint-Laurent. Ce phénomène forme une halocline intense (contact entre l’eau douce et l’eau salée) qui bloque toute la lumière.
Quand on franchit l’halocline dans le fjord, on quitte la lumière et les eaux troubles du Saguenay pour tomber dans l’eau cristalline du Saint-Laurent. Cette section est plongée dans la nuit perpétuelle. Ça convainc des espèces des abysses de remonter à des profondeurs atteignables par les plongeurs, dont la toute petite sépiole.
C’était la raison de ma visite dans cette région. Je voulais plus que tout réaliser des images de cette petite seiche ô combien sympathique. Je n’avais que quelques plongées à réaliser, et cet animal était mon objectif.
Alors que nous descendions quasiment à l’aveuglette à travers les mètres d’eau de la rivière Saguenay en direction de l’eau claire des profondeurs, j’imaginais ma rencontre avec la sépiole. J’espérais la photographier sous cet angle. Ou de cette façon là.
Arrivé dans le secteur où c’était possible de voir cette créature, un premier défi m’attendait. La paroi du fjord était quasiment à la verticale. Et il y avait beaucoup de sédiments qui étaient déposés là. Le moindre geste brusque les soulevait et ruinait les images. Et moi, je me trimbalais un trépied! Car oui, pour faire de la vidéo macro en plongée, j’utilise un trépied. Ce qui est loin d’être une technique facile.
Je commençai par faire des tests de trépied et je compris rapidement que ce serait très difficile de parvenir à mes fins. Les pattes du trépied glissaient dans les sédiments. Ceux-là se soulevaient. Et je ne pouvais pas lâcher prise sur le trépied, car s’il tombait, il disparaîtrait par les 800 pieds d’eau qui se trouvaient sous mes palmes.
Le problème est que je devais lâcher quand même le trépied lorsque je filmais car si je gardais ne serait-ce qu’un doigt sur le caisson, cela donnerait un effet de tremblote à mes images.
C’est conscient de toutes ces difficultés que je me mis à la recherche des sépioles.
Et je ne dus pas attendre très longtemps. La personne qui m’accompagnait m’en pointa une du doigt très rapidement. J’étais très heureux. J’avais tellement redouté de ne pas en voir lors de mon séjour!
J’installai mon trépied, et comblé de joie j’étais car la sépiole avait choisi un endroit où je pouvais l’installer efficacement et assez facilement.
Je commençai à filmer l’animal qui me montra qu’il était capable de changer de couleurs au gré de ses émotions. Je me demandai alors pourquoi un animal avait cette faculté s’il vivait dans la noirceur perpétuelle. À cette question, je n’ai toujours pas trouvé réponse d’ailleurs.
Lorsque j’eus fini mes images, la sépiole pris son envol. Elle se mit à nager en ma direction et vint se coller sur la seule partie de mon corps exposé aux éléments, soit la partie entre ma bouche et mon nez. La rencontre était totale. D’une proximité que je n’aurais jamais cru possible.
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Je remontai vers la surface, très heureux de ma mission accomplie.


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