Il y a quelques jours, j’ai repéré un nid de merles américains. La femelle était disciplinée et couvait religieusement ses oeufs. Elle ne les abandonnait que de brefs instants pour se dégourdir les ailes.
Les merles arrivent au Québec au mois de mars. Dès la fin avril, ils s’engagent dans la saison de reproduction. Le nid est construit dans un érable ou un conifère à une altitude ne surpassant normalement pas les trois mètres.
Celui de mes merles se trouvait à moins de deux mètres. Dans un arbre sur le bord d’un étang. Il était très visible.
C’est la femelle qui choisit l’emplacement du nid. Et qui le construit. Le mâle peut lui donner un coup de main, mais l’essentiel de l’ouvrage incombe à la femelle. Et ce n’est pas une mince tâche de construire un nid. 180 aller-retour par jour sont très souvent nécessaires pour mener à bien la construction.
La femelle y pond de trois à quatre oeufs qui sont plus souvent qu’autrement bleus. La couvaison dure environ 12 jours.
Les oisillons resteront au nid de 13 à 16 jours. Le mâle monte alors la garde.
Les merles ont une espérance de vie courte. Moins de deux ans pour la plupart. Il faut donc produire de nouvelles générations en quantité, à chaque nouvel été. C’est pourquoi le couple se lancera dans une deuxième ponte sitôt la première approchant de sa fin. Ça veut dire qu’il peut arriver qu’une femelle couve de nouveaux oeufs alors que les premiers oisillons sont encore dans le premier nid. Et c’est toute une mission de s’occuper de ces oisillons. De 35 à 40 becquées seront nécessaires pour les faire grandir suffisamment rapidement. Quand ils quitteront le nid, les petits resteront dans les parages. C’est le mâle qui les surveillera et les nourrira.
Au cours de l’été, les merles peuvent s’occuper de trois séries d’oeufs!
Et c’est une sage décision de leur part car seulement 25% des oisillons deviendront adultes. Les autres tomberont entre les griffes des prédateurs. Ou seront victimes de parasites.
En ce qui concerne mon nid, les oisillons n’ont même pas eu la chance de briser la coquille de l’oeuf dans lequel ils grandissaient. La nuit de vendredi à samedi, un prédateur s’est attaqué au nid. Quand je suis arrivé sur place, il était sans dessus dessous. Et les quatre oeufs étaient brisés, les coquilles contenant du sang étaient par terre ou accrochées aux branches. Qui s’est attaqué ainsi au nid? Bonne question!
Les Merles d’Amérique ont beaucoup de prédateurs. Le plus important est le chat domestique (encore un argument pour que les gens les gardent à l’intérieur). Le lynx roux, le grand-duc d’Amérique et la chouette rayée font aussi de nombreuses victimes. Il y a aussi les ratons laveurs, les écureuils gris, les écureuils roux, les tamias, l’épervier brun, les corneilles, les geais, les quiscales et les couleuvres qui dévorent les œufs et les oisillons.
Dans les parages de mon nid j’ai aperçu de très nombreuses couleuvres, beaucoup de quiscales, un raton-laveur et des corneilles. Je gagerais sur l’un d’eux comme responsable du carnage!
(les photos ont été prises avec une Sony A77ii + le téléobjectif Tamron 150-600mm)