Le 7 décembre prochain s’ouvrira à Montréal la COP15 sur la biodiversité, et cet événement offre bien sûr une belle occasion de se pencher sur ce que fait le Québec en matière de protection des espèces.
Le Québec est un immense territoire. Les défis ne sont pas les mêmes, en matière de protection de la biodiversité, que l’on soit au nord ou au sud. C’est l’évidence même.
Il est clair que les espèces du sud subissent une pression beaucoup plus forte que celles nordiques, et ce, à cause de la présence humaine qui y est très forte.
Parmi les causes majeures qui provoquent le recul des espèces au Québec, on retrouve la destruction des habitats.
Le sud du Québec est un haut lieu de l’assèchement des milieux humides. Depuis quelques décennies, près de 90% de ces habitats ont été détruits, ce qui a bien sûr eu des effets dévastateurs sur les espèces que l’on retrouve dans ces habitats riches.
On pense entre autres à la minuscules et magnifiques rainette faux-grillon dont il ne reste plus que quelques populations au Québec.

« La protection et la conservation des milieux naturels dans le sud du Québec, c’est clairement un enjeu majeur. Parce qu’on a beau vouloir protéger le territoire au nord, c’est dans le sud du Québec qu’on retrouve la plus grande biodiversité. »
Cyril Frazao, directeur exécutif de Nature Québec
L’importance de sauver les espèces symboliques
Lorsque le temps fut venu de donner un grand coup de barre dans le dossier du Saint-Laurent, le béluga est devenu un symbole fort. Il fallait dépolluer cet immense affluent afin de sauver cette sympathique petite baleine.

Pour les écosystèmes autour de Montréal, il faudra aussi trouver des symboles forts qui permettront de mieux protéger ces habitats.
Parmi ceux-ci, il est clair que l’on retrouve le chevalier cuivré. Il s’agit de la seule et unique espèce endémique du Québec.
Il ne reste plus qu’une seule population de ce poisson dans un petit tronçon du fleuve Saint-Laurent. Si on la perd, l’espèce disparaît à tout jamais de la surface de la planète.
Un développement portuaire à Contrecoeur menace directement cette espèce, il est à souhaiter que ce dossier fera l’objet de discussions lors de la COP15.
« La seule population qui reste en ce moment est dans un petit tronçon du fleuve Saint-Laurent. Elle est vraiment au bord du gouffre. Si on perd cette population-là, on perd l’espèce au complet. À jamais. »
Alain Branchaud, biologiste et directeur général de SNAP Québec, à propos du chevalier cuivré
L’autre espèce symbolique du sud du Québec est bien sûr la minuscule rainette faux-grillon.

L’heure est venue que les différents paliers de gouvernement s’entendent pour freiner la spéculation immobilière et l’étalement urbain qui menacent de plein fouet cette petite grenouille.
Le défi du Québec en matière de biodiversité demeure tout d’abord de savoir où l’on se situe vraiment. Contrairement aux gaz à effet de serre qui sont évalués à l’aide de différents indicateurs, le Québec ne se préoccupe pas vraiment de savoir à quel rythme les espèces reculent sur son territoire. Le coeur du problème se situe ici.
Comme le dit la célèbre formule : Ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal…
« Lorsqu’on connaît, par exemple, l’occurrence d’espèces menacées ou des systèmes sensibles, ça vient mettre des contraintes et des freins à d’autres activités qui sont en compétition. Disons qu’au niveau des connaissances, le gouvernement n’a pas investi énormément dans des observatoires et des infrastructures de suivi. »
Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée
Source : La Presse