Une grande étude a été menée au cours des derniers mois au Québec et au Nouveau-Brunswick afin d’en savoir davantage sur l’impact de la tique d’hiver chez les populations d’orignaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles sont loin d’être bonnes.
L’équipe de chercheurs a ciblé 24 veaux dans différentes régions du Québec. Des colliers télémétriques ont été installés sur ces jeunes animaux de l’année. La moitié était traitée avec un acaricide; l’autre moitié, non.

À la fin de l’hiver, tous les jeunes orignaux non traités à l’acaricide de la seigneurie de Beaupré, près de Québec, étaient morts. Alors que les jeunes orignaux traités avaient eux survécus pour la très grande majorité.
« On a beaucoup appris cette année. Dans la seigneurie de Beaupré, c’est notre région où il y a eu la plus haute mortalité qui est attribuable à la tique. »
Jean-Pierre Tremblay professeur au Département de biologie de l’Université Laval
Plus précisément, neuf jeunes orignaux non traités sont morts des effets sur leur santé du parasitage de la tique d’hiver. Deux sont morts dévorés par des prédateurs, alors qu’un dernier a été abattu lors de la saison de chasse.
Les colliers permettaient de retrouver les carcasses dans la nature. Des tests ont par la suite été réalisés en laboratoire, ce qui a permis de découvrir la cause précise du décès de l’animal.

À noter que l’équipe ne cherche pas un remède contre la tique d’hiver. L’acaricide ne servira pas à protéger les orignaux du parasite. Il a été utilisé dans le cadre d’une étude afin d’isoler un groupe d’orignaux parasités par les tiques d’un autre groupe qui lui ne l’était pas. On pouvait ainsi établir plus précisément l’impact de la tique sur la santé d’une population d’orignaux donnée.
Quel est l’impact de la tique d’hiver sur la santé d’un animal
La tique d’hiver s’accroche aux cervidés lors des premiers froids de l’année. Elle passe l’hiver accrochée sur l’animal, se nourrissant de son sang. Elle se décroche le printemps venu afin de s’occuper de la reproduction de l’espèce.
C’est la quantité de tiques qui est problématique. Un seul parasite n’a aucun effet sur un orignal. Des milliers, oui. Ils rendent leur hôte anémique à force de lui pomper du sang. L’orignal durement atteint passe aussi trop de temps à se frotter au lieu de s’alimenter. Et les frottages font tomber le poil, ce qui laisse la peau exposée à l’air libre. L’orignal perd ainsi de l’énergie à combattre le froid.
Si la bête a malgré tout été assez forte pour passer à travers l’hiver, elle aura tout l’été pour se refaire une santé puisque les tiques ne l’affligeront plus durant cette saison.
Un peu tôt pour tirer de grandes conclusions
Les chercheurs qui ont mené l’étude demeurent prudents. Ils soutiennent que les résultats obtenus dans la seigneurie de Beaupré sont peut-être circonstanciels. Ils sont peut-être seulement représentatifs d’une mauvaise année. Il faudra évaluer la situation sur du plus long terme afin d’avoir une idée plus précise de la situation.
Il n’en demeure pas moins que les orignaux de ce secteur du Québec ont passé un dur hiver.
« Si le territoire de la seigneurie de Beaupré est représentatif des autres secteurs autour, la cohorte [de juvéniles] est en mauvais état. »
Jean-Pierre Tremblay
Source : Radio-Canada