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Le Saint-Laurent est toujours libre de glace

De mes plus lointains souvenirs, alors que j’étais petit garçon vivant sur la Côte-Nord, je me rappelle de l’estuaire du Saint-Laurent qui se transformait en une immensité de glace sans fin durant l’hiver.

Depuis que je suis adulte, c’est réalité cède progressivement le pas à autre chose: un estuaire froid mais de plus en plus libre de glace durant la froide saison.

Cette année est particulièrement exceptionnelle à ce chapitre. Les températures douces des dernières semaines ont fait en sorte qu’au moment d’écrire ces lignes, la glace ne recouvre toujours pas les eaux de notre Saint-Laurent.

« Parfois, on a des d’automnes relativement doux où on n’a pas beaucoup de glace. Mais à ce point, c’est peut-être une première pour moi. »

Émilien Pelletier, professeur émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski

Avant les années 1950, ce n’était jamais arrivé que les experts notent un hiver sans glace dans le Saint-Laurent. Mais depuis 2010, c’est arrivé à quelques reprises. Et avec les bouleversements climatiques, les experts croient que la norme dans un futur très prochain sera des hivers doux sans glace dans le Saint-Laurent.

L’absence de glace a bien sûr des conséquences pour les populations riveraines. Les glaces brisent les tempêtes hivernales en empêchant les vagues de frapper trop violemment le littoral. Sans glace, l’érosion des berges ira en s’accélérant. Les municipalités devront investir massivement afin de faire face à ce phénomène nouveau.

La faune du Saint-Laurent a besoin de la glace

Mais le couvert glacier est aussi très important pour la faune. Le phytoplancton pousse sous les glaces durant les l’hiver. Cette importante superficie devient dès lors un garde-manger quasi sans fin pour les espèces composant le krill du Saint-Laurent.

pilipenkoD/iStock

Sans cette glace, on observera une diminution encore plus drastique des populations de krill dans les prochaines années. Il faut savoir que les scientifiques ont déjà établi des pertes de l’ordre de 50 à 70% pour le krill de l’Atlantique Nord depuis un demi-siècle. C’est très inquiétant.

Le krill se situe à la base de la chaîne alimentaire. Des animaux comme la baleine bleue s’en nourrissent presque exclusivement. C’est dire si la disparition de ces petites crevettes aurait un impact déterminant sur le paysage du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent.

La glace permet aussi aux bélugas de ne pas trop se fatiguer lors de grandes tempêtes hivernales. Quand ces animaux sont des heures durant secoués par des vagues qui ne sont plus ralenties par la glace, hé bien ils s’épuisent plus rapidement. Cela affecte bien évidemment leur santé.

Les phoques du Groenland ont aussi besoin de la glace pour la mise-bas. En 2011, le couvert glacier s’était effrité rapidement et de très nombreux blanchons étaient ainsi morts avant d’avoir les forces nécessaires pour prendre la mer.

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C’est clair. Ce monde est en train de changer très rapidement, juste devant nos yeux. Et cela exige qu’on s’adapte tous très rapidement. Le pourrons-nous tous? Telle est la grande question…

Source : TVA

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