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Le subvinium, vous connaissez?

L’hiver, la nature tourne au ralenti. Le silence emplit les lieux de sa présence apaisante. Le calme règne alors en maître incontesté.

Mais cela ne signifie point que tout s’arrête pour autant. Loin de là. Sous la couche de neige, à l’abri des yeux, l’activité se poursuit. Infatigablement.

Afin de faire face au froid, plusieurs animaux s’installent entre le sol qui gèle et la couche de neige. Cet endroit est comme un microcosme où survivent plusieurs créatures lors des froids hivernaux.

On appelle ce petit espace le subvinium. Il s’agit d’un mot latin qui signifie « sous la neige ».

Pour ce petit univers, la neige est formidablement importante. Elle agit comme une couche isolante qui protège les habitants du subvinium des froids trop mordants.

Le subvinium est habité par des insectes, des petits mammifères et des amphibiens.

C’est d’ailleurs grâce au subvinium que je parviens à poser des musaraignes, l’hiver. Elles y creusent leurs tunnels à partir desquels elles remontent à la surface afin de grappiller une bouchée de nourriture ou une autre.

Mais pour que ce monde fonctionne, il doit croupir sous au moins 20 centimètres de neige. La chaleur du sol s’élève alors et reste emprisonnée sous la neige, offrant un confort relatif aux habitants discrets du subvinium.

Lorsqu’on se promène en nature, l’hiver, et qu’on aperçoit un renard sauter pour mieux plonger la tête dans la neige, c’est tout simplement parce que lui aussi sait que beaucoup de nourriture se dissimule dans ce petit espace qui ne mesure que quelques centimètres de hauteur. Avec son ouïe formidable, il entend les habitants du subvinium se déplacer. Il plonge alors pour défoncer la couche de neige et ainsi mieux attraper les proies qui s’y dissimulent.

Ce petit monde est tout aussi formidable qu’ô combien menacé.

Les hivers de plus en plus doux voient réduire comme peau de chagrin le couvert neigeux. Les redoux suivis de gels sont dévastateurs pour ce petit monde.

Les écologistes Jonathan Pauli et Ben Zuckerberg, de l’Université du Wisconsin à Madison, soutiennent que 800 000 kilomètres carrés de couverture neigeuse disparaissent chaque décennie depuis les années 1980 en Amérique du Nord seulement. Le subvinium est donc en recul constant.

La région de Montréal est particulièrement touchée. Depuis quelques années, les hivers sont plus courts. Il y a moins de neige. Et on observe régulièrement des jours de pluie en plein hiver. Cette eau atteint le subvinium et menace ses habitants.

La grenouille des bois est particulièrement vulnérable. Cet animal gèle durant l’hiver. Son corps possède des substances antigels qui empêchent ses cellules d’éclater. La grenouille peut donc dégeler au printemps, en pleine forme. Mais lorsqu’elle dégèle durant l’hiver pour mieux regeler ensuite sous les coups des retours du froid, cela affecte son cycle hivernal et menace sa survie.

Mais il n’y a pas que les animaux qui peinent à survivre au fur et à mesure que le subvinium décline. Cet espace de vie protège également les racines des arbres. Certaines essences sont plus sensibles aux froids qui descendent en profondeur que d’autres.

On le voit bien, on ne commence qu’à mesurer l’étendue des impacts dévastateurs qu’auront sur la nature les inquiétants bouleversements climatiques.

Source : Newscientist.com

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