Hier, je vous parlais de Colossal Biosciences, une compagnie américaine qui a pour mandat de ressusciter des espèces animales aujourd’hui disparues.
Ils ont le dodo, le loup de Tasmanie et…le mammouth laineux dans le collimateur. En fait, les chercheurs sont même plus avancés dans ce dernier dossier que dans celui du dodo, ce qui permet à la compagnie de promettre le retour à la vie du mammouth laineux pour l’année 2027.

Bien sûr, il y a plusieurs questions éthiques que soulèvent de tels projets. Entre autres celui de savoir où on va placer ces animaux ressuscités.
On sait maintenant que le mammouth laineux s’est principalement éteint à cause d’un réchauffement climatique qui a débuté il y a environ 100 000 ans de cela. Cette extinction ne serait donc pas exclusivement due à la chasse abusive exercée par l’homme, même si on sait que l’humain a accéléré la disparition de cet animal.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le climat d’aujourd’hui ne semble absolument pas s’engager dans une avenue qui serait plus profitable au mammouth que celui d’il y a 100 000 ans.
D’autant que le réchauffement climatique qui a provoqué la disparition de cet animal imposant et affectionnant le froid a été très lent. De quelque 100 000 ans à il y a environ 5 000 ans, période marquant son extinction complète. Celui qui nous concerne aujourd’hui est drastiquement plus rapide, comme on le sait tous.
Quoi qu’il en soit, Colossal a obtenu dernièrement un financement supplémentaire de 60 millions$ pour poursuivre le travail d’édition du génome du mammouth qui a été entamé en 2021. L’un des cofondateurs de la compagnie est George Church.

C’est un professeur de Harvard qui a une solide expertise dans le domaine de l’édition des gènes. Quand il dit qu’il est près de réussir le décodage du génome du mammouth, on peut donc le croire.
Ce qui aide les chercheurs, qui ne possèdent toujours pas l’ADN complet des mammouths laineux, c’est que ces derniers animaux partagent un bagage génétique similaire à 99,6% à celui de l’éléphant d’Asie. L’ADN de ces éléphants est donc utilisé afin de compléter le portrait génétique du mammouth. Ceci laisse croire que le retour à la vie de cette espèce disparue n’est en rien farfelue; loin s’en faut même.
Quand les chercheurs seront prêts, ils se proposent de faire grandir un embryon de mammouth dans l’utérus d’un éléphant d’Asie. Ils le transféreront ensuite dans le corps d’un éléphant d’Afrique, espèce plus grande et mieux à même de faire croître un imposant bébé mammouth laineux dans son ventre.

Pourquoi ramener le mammouth laineux à la vie?
Colossal Biosciences est bien au fait que de tels projets ne font pas l’unanimité. La direction de la compagnie a donc préparé un argumentaire afin de convaincre les gens que ramener le mammouth à la vie est la bonne chose à faire.
Il est alors expliqué que le mammouth jouait un rôle écologique important à l’époque où il foulait le sol terrestre. Le gros pachyderme écrasait le couvert neigeux et favorisait la pousse des plantes des toundras de la planète.
Depuis la disparition du mammouth, aucun grand animal n’a repris ce rôle important dans la toundra. Cet écosystème est aujourd’hui donc moins florissant que par le passé. Ce qui signifie qu’il absorbe beaucoup moins de carbone.
Et là est l’argument massue de Colossal Biosciences. Ramener le mammouth laineux à la vie, c’est une façon efficace de lutter contre le réchauffement climatique.
On doit admettre que le pirouette intellectuelle est fascinante.
Ramener à la vie une espèce animale qui est disparue à cause d’un dérèglement climatique afin qu’elle nous aide à combattre aujourd’hui les propres bouleversements des températures qu’on a nous-mêmes provoqués, ça ne s’invente pas…
Source : Sciencepost.fr