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Un drame qui se déroule loin des yeux n’en est pas moins dramatique

On le sait, les ressources marines s’épuisent à vitesse grand V un peu partout sur la planète, ce qui force les pêcheurs industriels à aller toujours plus loin afin de récolter leurs prises.

Depuis quelques années, c’est l’Antarctique qui est visée.

Les pêcheurs y récoltent le krill à raison de centaines de milliers de tonnes par année. Les petites crevettes finissent en suppléments alimentaires consommés principalement en Occident. L’industrie de l’aquaculture utilise aussi cette ressource afin de nourrir les poissons d’élevage.

Mais il faut savoir que le krill constitue aussi la base de la chaîne alimentaire de cet écosystème marin ô combien fragile. Les rorquals viennent d’ailleurs de loin afin de le consommer en grande quantité.

Je viens de tomber sur une photo partagée sur les réseaux sociaux par des scientifiques. Ceux-là déplorent que des chalutiers soient entrés au beau milieu d’un regroupement d’environ 1000 rorquals communs afin de récolter la nourriture des animaux. Au risque de les déranger dans cette activité cruciale d’alimentation qu’ils mènent, voire de les heurter. Mais comme comme tout ça se passe loin des regards…

©Ralph Lee Hopkins

En fait, les pêcheurs ciblent les baleines dans leurs activités de pêche en Antarctique. Ils savent que là où il y a des baleines, il y a du krill. Car les mammifères fréquentent justement cette région du monde pour se nourrir de ces crevettes. Et comme il n’y a aucune réglementation encadrant cette industrie, les pêcheurs ont beau jeu de se comporter comme bon leur semble.

« Il est parfaitement légal pour les super chalutiers industriels massifs de rechercher les baleines pour trouver du krill, puis de récolter la nourriture des baleines tout en traînant de grands chaluts dans l’eau pour le faire. C’est ce que nous avons observé et rapporté dans cet article. »

Matthew Savoca, chercheur à l’Université Stanford

L’ONG Greenpeace garde un oeil sur ce dossier depuis quelques années déjà. L’organisme déplore qu’on autorise la pêche au krill en Antarctique alors qu’on ne connaît pas grand chose sur la situation de cette espèce cruciale.

« Cette pêcherie symbolise l’absurdité d’un monde où l’on veut pêcher toujours plus loin, plus profond, dans des circonstances extrêmes alors que l’on connaît mal cette espèce, clé de voûte de tout l’écosystème. On ne sait pas grand-chose de sa biologie, ni de sa vulnérabilité face au changement climatique et à l’acidification du milieu marin. »

Hélène Bourges, responsable de la campagne Océans à Greenpeace France

À ce jour, les scientifiques estiment que la biomasse de krill en Antarctique représenterait quelque 380 millions de tonnes. De ce lot, environ la moitié finirait chaque année dévorée par les prédateurs que sont les baleines, les phoques, les poissons ou les oiseaux.

La Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) prétend que 5,6 millions de tonnes de krill pourraient être pêchées annuellement en Antarctique. Mais l’organisme a décidé d’établir plutôt la limite à 620 000 tonnes, réparties sur quatre régions du sud-ouest de l’Atlantique. Greenpeace soutient que ce maximum est régulièrement atteint.

Greenpeace précise que cette pêche consiste à priver les prédateurs d’une partie de leur nourriture.

« Nous ne réclamons pas son interdiction, mais nous demandons instamment que les bateaux restent loin des aires marines protégées ou des zones dont nous demandons le classement afin de préserver la faune qui y vit. »

Hélène Bourges

Du côté des chercheurs de Stanford et que dirige le professeur Savoca, on n’est guère plus optimiste.

« Dans le scénario actuel d’augmentation des densités de baleines et de l’effort de pêche au krill, les interactions entre les baleines et la pêche, y compris les prises accessoires, sont susceptibles d’augmenter si aucune mesure n’est prise. »

L’équipe dirigée par le professeur Savoca

Source : News Stanford

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