Depuis quelques jours, la présence de deux ours polaires dans les limites du village de Blanc-Sablon, sur la Côte-Nord, fait beaucoup jaser. Les résidents sont inquiets alors que d’autres se demandent si cette situation est normale ou pas.
Andrew E. Derocher est un grand spécialiste des ours polaires. Et il a tenu à dire, dans un premier temps, que si une personne aperçoit un ours polaire, ce n’est pas le temps d’essayer de prendre une photo. Il urge plutôt de se retirer pour trouver un endroit où se mettre à l’abri.

©Tara Keefe
Le chercheur a ajouté qu’il n’était en rien anormal qu’on observe des ours polaires aussi loin au sud que Blanc-Sablon.
« La présence d’ours de la population du Détroit de Davis à Blanc-Sablon n’est pas anormale…Ce n’est pas la place où ils veulent être, mais ils se retrouvent là quand la glace sur laquelle ils se déplacent a des comportements étranges. Comme ils sont en général en bonne santé et bien nourris, ils ne sont pas en train de chercher de la nourriture sur terre. »
Andrew E. Derocher
La population d’ours polaires du détroit de Davis compte parmi les 19 que l’on retrouve sur la planète; il y en a 13 au Canada seulement. C’est une population qui compte environ 2000 individus. Ces ours utilisent la glace afin de se nourrir et se déplacer. Le problème est que le couvert glacier est de plus en plus instable à cause des bouleversements climatiques. Et lorsque de grands pans dérivent vers le sud, les ours sont entraînés par le fait même en dehors de leur aire de distribution habituelle.
Les ours polaires de la population du détroit de Davis se portent bien. La population est stable depuis plusieurs années maintenant. Il faut dire qu’ils ne manquent pas de nourriture. Pour 2000 ours polaires, la région compte 7 millions de phoques du Groenland dont ils se nourrissent.
Cela revient à dire que les ours que l’on observe ces jours-ci à Blanc-Sablon sont bien nourris. Et donc moins imprévisibles pour l’humain. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un animal sauvage extrêmement puissant. La prudence demeure donc de mise.
« Il y a toujours eu des ours polaires voyageant le long de la côte du Labrador au Québec pour se nourrir de phoques. On a des rapports qui datent d’aussi loin que la venue de Jacques Cartier sur leur présence dans le Golfe-Saint-Laurent. Dans le secteur plus au sud, les glaces sont très dynamiques. Ce que nous pensons, c’est que les ours veulent maintenir le contact avec la glace de la mer, mais que parfois de grands vents ou des tempêtes vont amener la glace près de la rive et ils vont se diriger vers la terre où ils sont susceptibles d’interagir avec les humains. »
Andrew E. Derocher
En 1939, un ours polaire a été aperçu aussi loin que le Lac St-Jean. L’animal a été abattu, mais cela fait dire aux experts que le territoire de ces super prédateurs est beaucoup plus étendu qu’on serait porté à le croire d’emblée.
Source : Le Manic