Depuis quelques années maintenant, les experts qui surveillent l’état de la population de bélugas du Saint-Laurent constatent des taux anormalement élevés de décès chez les femelles gestantes et donc les nouveaux-nés de l’espèce.
Le bilan pour l’année 2022 ne permet pas de nourrir davantage l’enthousiasme à ce chapitre que les années précédentes puisque de nombreux jeunes bélugas figuraient encore une fois parmi les carcasses qui ont été retrouvés sur les berges du Saint-Laurent.
Selon les données publiées par le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM), 12 bélugas ont été retrouvés morts à la dérive ou sur les berges au cours de l’année 2022. Au cours des cinq dernières années, on parle de 74 carcasses de bélugas. Ce qui est beaucoup si l’on considère qu’il ne reste même pas 900 de ces animaux nordiques en nos eaux.
Parmi les carcasses retrouvées en 2022, plus de la moitié étaient des femelles et plus du tiers étaient des nouveaux-nés.
L’équipe de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal qui est en charge d’étudier les carcasses de bélugas a découvert que les femelles étaient souvent victimes d’une dystocie. Il s’agit d’une rupture de l’utérus alors que l’animal est gestant.
Le vétérinaire Stéphane Lair, qui dirige l’équipe, confirme que les problèmes de mise bas sont devenus la principale cause de mortalité chez les femelles adultes de bélugas du Saint-Laurent.

©Capture d’écran
Ces décès noircissent drôlement l’avenir de cette espèce menacée. Chaque femelle qui meurt en mettant bas, c’est aussi un foetus qui disparaît.
« Les veaux femelles qui ne sont pas nés depuis 2010 auraient commencé à produire des veaux à leur tour depuis 2020. L’impact populationnel de cette mortalité sélective est à venir. »
Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins et coordonnateur du RQUMM
Parmi les causes à l’origine de ces problèmes, les experts pointent dans la direction de la pollution sonore, des bouleversements climatiques et des contaminants dans l’eau.
Les biologistes croient que la disparition de la couverture de glace, l’hiver, dans le golfe Saint-Laurent épuiserait aussi les animaux. La glace leur offre une protection contre les violentes tempêtes hivernales.
Source : Le Devoir