Décidément, le Québec est un véritable castor. Quand il ne coupe pas des arbres, il fabrique des barrages. Les deux pratiques sont évidemment néfastes pour l’environnement.
On vient d’apprendre que le gouvernement Legault, lui qui se targuait aux yeux de la planète entière de vouloir protéger 30% du territoire québécois, et ce, dans le cadre de la COP15, a autorisé d’importantes coupes forestières dans un projet d’aire protégée pour les Innus, territoire aussi fréquenté par le caribou forestier.
C’est le journaliste de La Presse Jean-Thomas Léveillé qui rapporte aujourd’hui cette histoire.
La zone appelée à être rasée se situe au Lac-St-Jean, un peu au sud du réservoir Pipmuakan.

©CARTE FOURNIE PAR LE CONSEIL DES INNUS DE PESSAMIT
On parle de 500 hectares de forêt mature; les Innus évaluent que 357 de ces hectares se trouvent au coeur du projet de zone protégée. Il faut ajouter à cela 637 hectares qui ont déjà été rasés au cours des dernières années et qui se trouvent aussi dans ce même secteur.
« Le caribou vit dans ces derniers massifs, qui sont les forêts les plus vieilles de notre territoire. »
Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit (La Presse)
Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts se défend en arguant que tant que la zone protégée n’est pas officialisée, les forestières peuvent couper ces forêts.
Les Innus ont déposé leur projet en 2020, mais il est toujours à l’étude selon les fonctionnaires du ministère de l’Environnement. Pourquoi est-ce que je ne suis pas étonné de l’apprendre!
Le biologiste et ingénieur forestier Louis Bélanger, professeur retraité de l’Université Laval et responsable de la commission forêt chez Nature Québec ne mâche pas ses mots. Il affirme haut et fort que l’attitude du gouvernement dans ce dossier est de la pure provocation. Et il faut bien admettre qu’il n’a pas tort.
On retrouve le même discours du côté du biologiste Pier-Olivier Boudreault qui est aussi directeur de la conservation à la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP). Il lance que les autorisations de coupes forestières dans cette zone constituent un véritable « affront ».
Ces deux mêmes biologistes ne peuvent concevoir que les Innus regarderont les forestières raser ces forêts sans rien dire, sans rien faire. Ces derniers confirment d’ailleurs envisager toutes les possibilités, que ce soit des recours en justice ou le blocage de chemins.
« On veut bien croire qu’on est un peuple docile, mais un moment donné, il va falloir que le gouvernement tienne compte des enjeux autochtones. »
Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit (La Presse)
Tout ce dossier démontre bien que le gouvernement du Québec est engagé dans une course contre la montre. Il a juste qu’en juin pour déposer sa stratégie de protection du caribou forestier, et déjà le fédéral s’est dit prêt à agir si les mesures n’étaient pas suffisamment sérieuses. En attendant, le gouvernement fait des courbettes devant les forestières en leur autorisant des permis de coupes dans des endroits très sensibles.
Au Québec, les gens qui font du béton ou qui coupent des arbres jouissent d’une influence démesurée. Ils parviennent à influencer le gouvernement, au point où ce dernier prend des décisions qui oeuvrent à l’encontre du bien-commun.
« L’intérêt de l’industrie forestière a préséance sur l’intérêt public au bureau [du ministère des Ressources naturelles et des Forêts] du Saguenay–Lac-Saint-Jean. »
Louis Bélanger, responsable de la commission forêt chez Nature Québec (La Presse)
Le fédéral vient de répéter qu’il surveillait la situation de près et qu’il était toujours prêt à intervenir si la fin de la récréation n’est pas enfin annoncée du côté de Québec. C’est à suivre!
C’est la la coopérative forestière Forestra qui a obtenu les droits de coupes sur ce territoire.
Source: La Presse