Ça fait des années que ça nous inquiète. Et ça fait des années que je vous en parle. Les taux d’oxygène dissous dans les eaux de l’estuaire du Saint-Laurent sont en chute libre. Au cours de l’année 2020 seulement, on parlait d’une réduction de 50%.
Tout ça est effrayant et menace la vie même qui s’abrite dans les eaux de l’estuaire. Voilà pourquoi il faut enfin établir quel est le problème à l’origine de ce drame.
Ces dernières années, je vous ai souvent confié que les bouleversements climatiques étaient en bonne partie responsables de la situation. Et c’est effectivement le cas. Cela vient d’être confirmé par des chercheurs dans un article qu’ils ont publié dans la revue scientifique Nature Communications.
Ce que les chercheurs confirment désormais, c’est que les bouleversements climatiques affectent les vents et les courants dans l’Atlantique Nord. Résultat: moins d’eau provenant du courant du Labrador pénètre dans l’estuaire du Saint-Laurent. Ce qui laisse la place à de l’eau provenant du Gulf Stream. Le problème est que le Gulf Stream, c’est de l’eau chaude qui charrie beaucoup moins d’oxygène que le courant du Labrador.

Voilà l’une des mâchoires de l’étau qui écrase l’estuaire du Saint-Laurent.
L’autre mâchoire, c’est le rejet d’eau usée.
Les municipalités québécoises rejettent encore beaucoup trop d’eau usée dans le Saint-Laurent. Que ce soit la Ville de Québec, avec ses sur-versements en cas de forte pluie, ou la municipalité de Tadoussac qui rejette toute l’eau des toilettes des centaines de milliers de touristes qui passent sur son territoire à chaque année pour observer les baleines. C’est quand même tout un paradoxe! Tadoussac prospère grâce aux baleines, et le fait que l’eau usée n’y soit pas traitée nuit considérablement à ces animaux. Il serait grandement temps de s’attaquer à ce problème.

Les rejets d’eau usée et autres fertilisant favorisent la croissance des algues. En mourant, celles-ci tombent au fond et sont consommées par des bactéries. En étant plus nombreuses, et en étant plus actives, ces bactéries consomment l’oxygène dissous dans les eaux profondes. C’est ce qu’on appelle l’hypoxie liée à l’euthrophisation.
De par le monde, c’est le principal facteur à l’origine de l’hypoxie côtière. L’eutrophisation résulte de l’apport excessif de nutriments, tels que l’azote et le phosphore, dans l’eau en raison de l’agriculture intensive, des eaux usées urbaines, ou du ruissellement des engrais.

S’il sera difficile de renverser la tendance liée aux courants océaniques, on pourrait très facilement mettre un terme au problème d’eau usée. Ça prendrait juste une bonne volonté politique. Et de l’argent.
Source : Radio-Canada


Répondre à TKho Annuler la réponse.