Cette journée-là, je m’étais éloigné un peu du grand tombant du Saint-Laurent. J’explorais plutôt un plateau de pierre, à la recherche d’un sujet ou d’un autre à photographier.
Tout était calme autour de moi. Pas de courant. Que le son de ma propre respiration dans mes oreilles. Le soleil, lui, perçait les eaux jusqu’à la profondeur où je me trouvais, c’est-à-dire 20 mètres. J’avais ainsi un beau point de vue sur le récif qui se trouvait devant moi, tout gigantesque et superbe qu’il était.
C’est une anémone plumeuse refermée sur elle-même qui a attiré mon regard de prime abord. Lentement, je me suis dirigé vers elle, un coup de palme calme à la fois. J’ai par la suite repéré la minuscule poule de mer de Terre-Neuve qui se cachait à côté de celle-ci. Elle était très discrète grâce à sa taille et à sa couleur qui s’inspirait fortement du pied de l’anémone. Je me suis arrêté, profitant du sol pierreux dégarni pour appuyer mes genoux.
La petite poule de mer mesure environ 3 ou 4 centimètres. C’est un poisson assez difficile à photographier. Dès que j’essaie de la photographier de face, elle se tourne sur elle-même et me présente sa queue. Et je prends toujours mes photos de face, à hauteur des yeux du sujet le plus possible. C’est comme ça qu’on fait de bonnes compositions.
Il faut savoir que sous l’eau, changer d’angle de vue est assez complexe. Les mouvements d’un humain en plongée sont toujours plus laborieux qu’à la surface. Quand je me replace pour une photo, je dois en plus prendre garde de ne pas accrocher les éléments du fond qui se trouvent à proximité de moi, question de ne pas écraser un animal ou un autre.
Trop souvent, quand je viens de changer d’angle de vue, la petite poule se tourne encore sur elle-même, démontrant de ce fait ses piètres qualités de nageuse. En fait, elle a une ventouse sur le ventre afin de se fixer au décor. C’est dire si la nage ne fait pas partie de ses grandes qualités.
En vidéo, faire des images de cette espèce, c’est encore pire. Ça prend absolument un objectif macro pour réaliser des images de cet animal minuscule. Et en macro, sous l’eau, on oublie la vidéo à main levée. Les images tremblent trop si on travaille comme ça. Ça prend impérativement un trépied pour arriver à un résultat satisfaisant. Et traîner un trépied sous l’eau, c’est un tout autre défi. Surtout s’il y a du courant. Dans un tel cas, je dois ajouter en plus du lest au trépied pour que je puisse l’immobiliser efficacement. Bref, très difficile.
Pendant que je filmais la petite poule qui, pour une fois, acceptait de demeurer immobile face à ma caméra, j’aperçus des copépodes qui se promenaient ici ou là dans ma scène. Ça m’a permis de réaliser encore mieux à quel point ce poisson est petit.
Mais ce n’est pas parce qu’il est petit que le mâle de cette espèce ne peut pas faire preuve de grand courage. Au moment de la reproduction, c’est lui qui se charge de protéger les oeufs. Il peut les défendre jusqu’à la mort.
Chez cette espèce, la ponte a lieu durant l’hiver. Au printemps, quand je commence à plonger, on aperçoit les adultes qui peuvent vivre plus d’une dizaine d’années. Et on découvre aussi les juvéniles de l’année.
Lors de l’été 2023, je n’ai presque pas vu de petites poules de mer de Terre-Neuve au cours de mes plongées dans le secteur de Baie-Comeau. Il faut dire que la température de l’eau était affreusement chaude l’an dernier. Pratiquement toutes mes plongées ont été réalisées dans de l’eau dont la température dépassait les 10 degrés alors que les normales pour mes sites ne devraient jamais surpasser les 5 degrés.
J’espère que l’été prochain, tout sera revenu à la normale. Et que j’aurai de nouveau le bonheur d’observer en grand nombre le poisson sympathique qu’est la petite poule de mer.
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