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La migration verticale du krill, c’est quoi?

Ceux qui écoutent attentivement mes récits concernant l’exploration des profondeurs de l’estuaire du Saint-Laurent m’entendent régulièrement parler d’un phénomène important qui me pousse à plonger la nuit : la migration verticale du krill.

Le krill est un terme fourre-tout qui permet de mieux parler des petites crevettes planctoniques qui appartiennent à l’ordre des Euphausiacés. Ces créatures marines font partie du zooplancton. Ce sont donc des organismes qui dérivent dans l’eau et qui se nourrissent principalement du phytoplancton (organismes végétaux microscopiques).

Dans le Saint-Laurent, on retrouve trois espèces de crevettes qui forment le krill : Thysanoessa raschii, Thysanoessa inermis et Meganyctiphanes norvegica. Norvegica et raschii sont les plus communes.

Le krill est ultra important pour les écosystèmes marins. Il s’agit d’un maillon essentiel de la chaîne alimentaire. Il sert de nourriture à de nombreuses espèces comme les baleines, les phoques, les oiseaux marins et les poissons.

Pendant la journée, le krill se trouve généralement dans les couches les plus profondes des eaux du Saint-Laurent; il se met ainsi à l’abri des prédateurs les plus voraces. Il se déplace vers la surface pendant la nuit pour se nourrir. Cette ce qu’on appelle la migration verticale du krill.

Les crevettes remontent vers la surface afin de se nourrir à même le phytoplancton, qui a tendance à se concentrer dans les couches supérieures du Saint-Laurent, principalement parce que ces algues ont besoin de la lumière du soleil pour prospérer. Et dans le Saint-Laurent, le végétal ne peut survivre que dans les couches d’eau près de la surface.

Dans le Saint-Laurent, la migration verticale du krill débute dès le coucher du soleil. Au courant de la nuit, les crevettes repues redescendent dans les profondeurs. Un dernier mouvement sera noté un peu avant l’aube donnant naissance à une nouvelle frénésie nourricière. Pour le photographe sous-marin, ce mouvement migratoire effectué par des milliards d’organismes offre de nombreuses occasions de réaliser des images. Les poissons sont alors beaucoup plus actifs. Je réussis toujours à ces occasions à les poser à maintes reprises.

Le krill est connu pour sa capacité à se reproduire en grandes quantités, formant des essaims denses dans certaines régions du monde. Cela est particulièrement vrai en Antarctique. Et il est important qu’il en soit ainsi puisque de nombreux animaux se nourrissent de ces crevettes.

Bien sûr, l’humain exploite cette ressource, risquant au passage de déstabiliser les écosystèmes marins. Il est utilisé comme appât dans la pêche, comme source de nourriture pour l’aquaculture et comme ingrédient dans certains produits alimentaires et compléments alimentaires en raison de sa teneur élevée en protéines et en acides gras oméga-3.

Le krill est également un allié dans la lutte aux bouleversements climatiques. lI joue un rôle crucial en tant que régulateur du cycle du carbone, en capturant et en stockant de grandes quantités de dioxyde de carbone. Sa conservation est donc essentielle pour maintenir l’équilibre des océans et la biodiversité marine.

Quand je plonge dans la nuit du Saint-Laurent, ça ressemble à ça. Bon visionnement!

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