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Post-production: jusqu’à quel point je transforme mes photos

Les logiciels de traitement d’images, style Photoshop, sont devenus ultra puissants. On peut transformer considérablement une image, à un point tel qu’il ne s’agit même plus de photos mais bien d’illustrations.

Ne vous laissez pas leurrer par ce que vous voyez. Plusieurs images sur les réseaux sociaux sont énormément retouchées. Certains se permettent d’ajouter des éléments, ou même de remplacer le ciel dans un paysage. Est-ce éthique de faire de telles modifications? Si on les annonce publiquement, je considère que oui. Si on les dissimule, ce ne l’est plus du tout, alors non.

Évidemment, le simple fait d’utiliser une caméra pour capter un moment en nature est une façon de tronquer la réalité. Qu’on le veuille ou non, qu’on prétende le contraire ou pas. L’image obtenue sera toujours différente de celle perçue par nos yeux. Ne serait-ce qu’au moment de choisir l’objectif, on détermine déjà l’impact sur la réalité qu’on obtiendra. Le rendu procuré par un 16mm ne ressemblera pas à un rendu obtenu par un 35mm, voire un téléobjectif. L’ouverture du diaphragme et la vitesse d’obturation ont aussi des impacts déterminants sur l’image créée. Au moment de faire ces ajustements, c’est un choix éditorial que l’on fait, il s’agit d’un coup de créativité que se permet le photographe. Et c’est très correct ainsi. Après tout, la photographie demeure une discipline artistique.

Sous les flots, ce qui influence le plus mes images, c’est bien sûr l’utilisation de l’éclairage. Si je n’avais pas de lampes quand j’explore les profondeurs sous-marines, c’est clair que mes photos seraient ternes, vertes. C’est vrai pour la photographie dans l’estuaire du Saint-Laurent, mais c’est aussi vrai pour la photographie dans les mers du Sud (les photos seraient alors davantage bleues que vertes, par contre, et ce, parce que ces eaux chaudes sont beaucoup moins chargées en phytoplancton que les eaux d’ici).

Une fois de retour au bureau, le traitement que j’effectue sur les photos à l’aide du logiciel Lightroom a aussi un impact important sur mes photos. Je configure toutes mes caméras afin de prendre des photos en format RAW (images brutes). C’est ainsi qu’on obtient toute la souplesse voulue pour ajuster les photos à peu près comme bon nous semble. Un format JPEG est compressé et les couleurs sont fixées par la caméra, ce qui laisse beaucoup moins de latitude au photographe au moment de la post-production. C’est pourquoi je n’utilise pas cette méthode de travail.

Ceci étant dit, est-ce que ça signifie que je triche et que je transforme énormément mes photos? Trop peut-être? Non, j’ose affirmer. Les caméras d’aujourd’hui, bien qu’elles sont beaucoup plus performantes qu’elles ne l’étaient il y a seulement quelques années de cela, ne parviennent encore pas à nous offrir une plage dynamique qui corresponde à l’oeil humain. Elles perçoivent beaucoup moins bien que notre oeil les blancs, les noirs, les couleurs. Les logiciels nous permettent de palier à ces lacunes et d’ajuster les images afin qu’elles ressemblent plus à ce que le photographe a vu sur le terrain, au moment de la pose.

En ce qui me concerne, voici ce que je me permets de faire sur une photo.

Au moment d’en sélectionner une que je considère intéressante, je commence par vérifier si l’exposition est correcte. Si elle ne l’est pas, je corrige un peu. Pas beaucoup car si on débouche trop les ombres, on crée du bruit et on détruit la qualité de l’image. Les assombrir se fait mieux, mais il est rare que je doive le faire considérant les environnements peu lumineux où je travaille normalement.

Je regarde ensuite le cadrage. Il m’arrive de recadrer plus serré, afin de bien mettre le sujet principal en valeur. Vient ensuite la recherche de taches (résultat d’une poussière sur le capteur). Si j’en perçois, je les efface avec l’outil « suppression des défauts ».

Toujours, j’ajuste ensuite les blancs et les noirs. Je monte un peu les blancs, je baisse un peu les noirs. Ça donne plus de contraste à mes photos. Presque toujours, par la suite, je baisse un peu les hautes lumières. Je termine en montant un peu la texture et la clarté; mais pas trop car ça donne un effet artificiel à la photo si on exagère. Si j’ai travaillé avec des ISO élevés au moment de la capture de l’image, je réduits un peu le bruit. Et c’est tout.

Le traitement d’une photo me prend tout au plus quelques minutes. Je n’ajoute pas de poissons. Je n’invente pas des couleurs. J’essaie de respecter au maximum ce à quoi a vraiment l’air l’estuaire du Saint-Laurent sous les vagues.

Voici le résultat final d’une photo traitée.

Et voici une image qui nous présente la photo au moment de la sortie de la caméra, le avant, et la photo au moment de la sortie du logiciel Lightroom, le après. On voit bien que la photo traitée est plus contrastée, plus éclatante. Mais on voit aussi que la différence n’est pas si énorme que ça non plus. Il n’y a pas de couleurs inventées, le cadrage n’a pas changé. Il y a surtout l’exposition qui a été modifiée.

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